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Discours d'Henri de Latour le 11 novembre 2015

Cette année, ce qui nous interpelle, ce qui donne un sens particulier à cette commémoration, c’est le flot incessant des réfugiés sur les bords de la Méditerranée.

Nous avons une histoire commune, qui ne peut s’effacer de nos mémoires.

Elle commence avec les colonies et se poursuit par la « grande guerre », qui ne fut grande que par la démesure des gouvernants. Elle impliqua beaucoup de nations et de peuples, notamment africains, dont un grand nombre de ressortissants sont morts au front.

Nous avons oublié la force des liens qui nous unissent à ceux que nous croyions si différents. Les tombes africaines et musulmanes s’étendent à perte de vue dans les cimetières militaires.

Aujourd’hui notre devoir est de nous en souvenir. C’est aussi une nécessité. C’est le propre de l’humanité que de fonder sa réflexion sur les leçons du passé.

L’exercice s’avère exigeant, les remises en question sont parfois douloureuses ; mais c’est bien peu, à l’aulne du courage dont ont fait preuve ceux-là même que nous saluons aujourd’hui.

 

Et d’ailleurs, avons-nous seulement le choix ?

Un monde de certitudes, le monde hérité de l’après 45, prend l’eau de toutes part ; les lignes de fractures se dessinent chaque jour plus nombreuses, et nous ne pouvons plus ignorer sa grande fragilité.

La crise économique nous trouve tous vulnérables, à des degrés divers, certes, mais la pire réponse à apporter serait celle de la division ; un vent mauvais souffle sur les peuples ; des murs s’édifient partout, à l’initiative des gouvernants opportunistes, nouveaux tenants d’un populisme à courte vue.

 

Nous devons nous serrer les coudes pour être forts. Nous sommes légataires,  génération après génération, de cet esprit de résistance qui a conduit tant de femmes et d’hommes au sacrifice de leurs intérêts personnels, et parfois de leur vie.

Quel meilleur moyen de leur témoigner notre reconnaissance, que de nous montrer dignes d’eux dans la conduite de nos actions, de continuer à nous battre pour la liberté, toutes les libertés.

Nous avons l’honneur de nous inscrire dans cette histoire ; montrons-nous à la hauteur, à la hauteur de celles et ceux qui jugeaient primordial de s’engager pour faire de ce monde un monde de liberté, d’égalité et de fraternité.