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Discours d'Henri de Latour le 8 mai 2015

Je ne suis pas très à l'aise, vous le savez, avec le genre de la commémoration.

Elles sont parfois l'occasion de confusions, d'amalgames, voire de détournements partisans ; il faut reconnaître qu'avec le 8 mai nous sommes particulièrement gâtés ; par exemple, le 8 mai est le jour choisi pour fêter Jeanne d'Arc, et vous savez par qui et dans quel esprit ; c'est aussi l'anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, c'est aussi l'anniversaire du désastre de Dien Bien Phu.

Le danger des commémorations, vous le savez, c’est qu’elles risquent de tourner au pur et simple rituel. Il serait très regrettable qu’il en soit de même pour cette journée du 8 mai. Je souhaiterais donc en rappeler ici la portée et les enjeux.

Nous savons d’abord que les guerres ne doivent rien à la fatalité, ni au hasard ; elles surviennent parce qu’elles ont été voulues, le plus souvent en très haut lieu, au nom d’intérêts dont les populations sont rarement informées. Ces populations sont pourtant les premières victimes de tels conflits ; elles en deviennent, par force, partie prenante, et il leur revient souvent d’incarner pour l’humanité ce qui lui reste de dignité, d’honneur et de courage.

Aujourd’hui nous avons la chance, que nos territoires jouissent depuis des décennies des bienfaits de la paix, mais nous savons qu’il ne faut pas s’arrêter à un constat en trompe-l’œil. En effet depuis le 7 janvier la guerre est venue jusqu’à nous. Elle nous oppose à des clans, des mafias ou des factions qui n’hésitent pas à tuer, même leurs semblables. Ici même, en France et en Europe, nous en percevons les échos, nous voyons arriver ceux qu’elle a déracinés, qu’elle jette à la mer et sur les chemins de leur errance courent le risque d’être traités, eux les réfugiés, comme des indésirables, voire comme des ennemis.

Il faut combattre sans répit et avec la plus grande détermination la stratégie du bouc-émissaire. C’était autrefois la faute aux « métèques » italiens, espagnols ou polonais, c’est aujourd’hui la faute « aux Arabes et aux Noirs ». C’est maintenant que nous sommes en situation de souligner tout ce que nous devons à celles et ceux, qui ont combattu et vaincu le nazisme. cette célébration du 8 mai a au moins la vertu de nous rappeler l'exemple à suivre, et la direction que nous devons persévérer

Il est temps de comprendre à quel point nos combats pour la dignité des personnes ont été nécessaires pour que s'applique le droit de chacun à prétendre au bien-être et au bonheur 

 

Fort de ces considérations, je me permets donc de proposer, mes chers concitoyens, que ce 8 mai soit pour nous l'occasion d'un rappel à la vigilance civique, contre tous les amalgames, toutes les manipulations, et pour la défense de l'état de droit.

Vive la République, vive la France, vive les Cévennes libres.