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Voeux d'Henri de Latour 2016

Lorsque l’actualité politique s’envase dans ce qu’il y a de plus lugubre, il faut prendre de la hauteur et regarder plus loin. L’année 2015 s’est ouverte avec l’attentat de Charlie et s’est refermée avec celui du 13 novembre. Depuis nous vivons une incroyable imposture. Ceux qui sont en charge de notre bien-être et de nos droits ont déclaré, d’une part, l’état d’urgence, d’autre part la possibilité d’une déchéance de la nationalité pour les binationaux. Ces élus, qu’on croyait moins liberticides que leurs prédécesseurs, ont enfilé les habits de leurs adversaires. Ils cèdent à l’idéologie dominante, nous dessinent un monde qui fait fi de tous les principes moraux. Ils ébranlent ce que nous avons en commun, le socle des valeurs que sont la confiance (indispensable à l’exercice de la démocratie) et la solidarité (indispensable au vivre ensemble).

Nos fragiles démocraties ne tiennent encore debout que grâce à la liberté de créer, autrement dit grâce à la culture qui ne sert à rien d’autre qu’à bâtir une société humaine. Mais nous assistons, s’agissant des gens au pouvoir, au triomphe quotidien d’une politique à courte vue. Leur échec a des conséquences graves : les citoyens se démobilisent (on dit que l’abstentionnisme est le premier parti de France) tandis que s’accentue la montée des populismes ; certes nous pouvons la relativiser en rappelant que depuis des décennies il y a environ 6 million de votant FN sur 44 million d’inscrits. Aux dernières élections régionales leurs voix n’ont augmenté que de 400 000 : c’est donc bien l’abstention qui les propulse au premier rang.

Félicitons nous d’’avoir évité le pire : aucune région n’est tombée aux mains de ces incompétents dont les solutions nous feraient sombrer d’avantage dans le piège de la dérive identitaire qui dresse les citoyens les uns contre les autres. Être patriote c’est aimer son pays, être nationaliste c’est détester les autres.

 

À Lasalle, dans un passé proche, 170 électeurs mettaient dans l’urne un bulletin FN. On retrouvait ce chiffre régulièrement à quelques variantes près. Aux dernières élection régionales, ils étaient 112 au premier tour et 121 au deuxième. Je suis heureux que nous résistions à la tendance nationale qui se nourrit des peurs collectives.

Mais nos vrais motifs de satisfaction c’est dans notre vie locale que nous les trouvons, notamment grâce à notre dynamisme associatif.

Les justes causes rencontrent ici une solidarité exemplaire ; pour ne citer que le Téléthon, celui-ci a mobilisé une centaine de bénévoles. Cet élan exceptionnel au niveau d’un village de 1170 habitants (dernier chiffre donné par le recensement) a donné ses fruits, car plus de 29000€ ont été réunis. La générosité des Lasallois ne s’est pas démentie ; un grand merci à Nicole et à tous ceux qui, avec elle ont travaillé à ce beau succès. Nous sommes fiers d’avoir été à la hauteur d’un village phare pour le département.

 

Nous vivons d’autre part un tournant dans cette vie associative : le comité des fêtes qui œuvrait depuis 5 ans sous la houlette de Philippe André a beaucoup donné, et je les remercie au nom du village d’avoir tenu leur rôle dans des conditions souvent difficiles. Depuis peu une nouvelle équipe prend le relais autour d’un noyau constitué de Jacqueline Bouvot, Guillaume Beccherle, Joffrey Houin, René Floutier, Boris et Patricia Arquier .

 

Saluons avec plaisir le retour, si longtemps attendu, d’une association sportive à Lasalle. Enfin, nous retrouvons un groupe de jeunes adultes qui jouent au foot les lundis et jeudis à partir de 18h. Le stade s’en trouve  valorisé, pour le plus grand plaisir de tous.

Autre renaissance, celle de la Boule Lasalloise. Souhaitons bon courage et bonne chance au trio constitué par Jeoffrey Houin, Thierry et Laurent Viala.

 

Notre vie culturelle n’est pas en reste ; après avoir signé une convention tripartite entre l’université Paul Valéry de Montpellier, les ateliers Varan et la commune de Lasalle, nous sommes heureux d’accueillir 8 futurs réalisateurs. Ils sont arrivés en novembre et restent jusqu’en fin février. Il est d’ailleurs prévu une diffusion de leurs films de fin de stage le samedi 20 février. J’espère que vous serez présents. Nous découvrirons peut-être, à travers leur regard, des aspects inattendus d’une vie locale que nous croyions connaître. En dehors des aspects économiques évidents, le premier bénéfice de cette présence est de cimenter une collectivité humaine. Je suis sûr que dans quelques années, voire quelques décennies ces films seront revus avec émotion. Ils constituent des marqueurs de notre histoire commune.

 

Cette histoire, la nôtre, a été fortement marqué par la disparition de mon collègue et ami Christian Pibarot. Qu’il me soit permis ici de le répéter. Christian, nous aurions encore tant besoin de toi, de l’incroyable force que tu donnais au beau mot de solidarité, sans doute ton maître mot dans l’incessant combat contre toutes les entreprises qui tentent de nous soumettre à un monde déshumanisé.

 

C’est fort de cette conviction que l’année dernière, ici même, je vous annonçais la création de la MSP. Aujourd’hui, vous le savez tous, elle est devenue une réalité, d’ores et déjà plébiscitée par nos concitoyens. Je voudrais remercier toute l’équipe des professionnels de santé, et tous ceux qui ont contribué à cette belle réalisation.

 

D’autres réalisations sont envisagées pour 2016 : changement climatique oblige, nous sommes de plus en plus souvent victimes des aléas météorologiques. Les eaux pluviales qui descendent de la montagne affectent les habitations. Nous prenons ce problème au sérieux. Dans un premier temps nous allons faire plusieurs travaux, notamment à l’arrière de l’ancienne Casta et devant Agri-services. Nous voulons rediriger l’eau qui arrive à ce carrefour sous le pont qui traverse la route, et qui est actuellement bouché à 75%. Nous poursuivrons ces travaux à l’arrière de la casta pour continuer à évacuer l’eau vers la rivière et créer un parking d’entrée de village.

À la demande d’EDF, nous profiterons de ces aménagements pour installer, en contrebas de ce nouveau parking, un très gros transformateur électrique qui nous libèrera de notre dépendance à celui d’Anduze.

 

En cours également, et très attendue depuis plusieurs décennies, l’adduction de l’eau potable rive droite. Les travaux ont en fait déjà commencé au niveau du pont vieux et reprendront bientôt pour longer la route de Colognac jusqu’à la Borie Neuve.

 

Bien heureusement, la municipalité n’est pas la seule à entreprendre des initiatives pour la collectivité. La pompe à essence, qu’un bel élan de solidarité permet à Jeannot Costa de remettre aux normes. Cela a l’air anecdotique, mais en fait c’est la première fois (à Lasalle) que des personnes privées s’investissent sur un projet qui profite à tous. Vu la situation des finances publiques et l’avenir qu’on nous promet, je voudrais ici les remercier au nom de tous. Les travaux de la nouvelle pompe automatique devraient être réalisés pour le printemps prochain.

 

Parallèlement à ces avancées, indispensables à notre bien être, il convient de saluer une initiative dont la portée civique et morale fait honneur à notre  commune. Un groupe de citoyens, conscients de la situation mondiale des réfugiés, a créé un collectif pour organiser leur accueil. Ce collectif, Solidarité-Lasalle, se mobilise aujourd’hui pour une famille afghane logée au presbytère proptestant. Nous savons que ces personnes ont vécu un voyage incroyable et se trouvent maintenant piégés dans un parcours administratif absurde, emblématique de la précarité du sort des réfugiés.

Leur avenir est incertain. Resteront-ils ? Seront-ils dirigés vers un cada ? C’est un travail quotidien à long terme qui mobilise les membres du collectif : amener les enfants à l’école, dispenser des cours de français au reste de la famille, organiser l’hébergement, etc... Nous sommes fiers, que dans le prolongement de notre histoire, l’idée de l’accueil continue à être défendue.

 

Il est un domaine, en tout cas, où il reste difficile de nous faire entendre ; depuis le début de ce siècle nous sommes, tous les deux ou trois ans, contraints de changer de territoire. À l’automne dernier, nous avons passé une étape de plus sans trop d’encombre lorsqu’il s’est agi de redessiner les communautés de communes. Mais l’application de cette réforme n’est pas encore en place que nous sommes déjà mis en demeure d’envisager un nouvel agrandissement… Quand cela finira-t-il ? Aujourd’hui Notre communauté de communes compte 5700 habitants, nous devons nous battre pour que les représentants de l’État appliquent la loi qui nous autorise à rester à 5000 en zone de montagne. Sous l’injonction du ministère de l’intérieur les préfets s’obstinent à essayer de nous forcer la main…

 

Cela dit, dans cette tempête administrative, j’ai plus que jamais plaisir à adresser, en notre nom à tous, nos félicitations, et à dire toute notre gratitude aux 35 personnes, employés de la commune et élus, qui s’emploient quotidiennement à faire fonctionner et entretenir notre commune. Ce n’est pas tâche facile, mais nous savons que la qualité de leur travail est due au désir de nous apporter une petite part de bonheur en nous facilitant la vie.

 

Je veux dire enfin tout le plaisir que j’ai à me retrouver parmi vous, à vous souhaiter pour 2016 toutes les joies et les succès que vous êtes en droit d’en attendre !