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Discours d'Henri de Latour le 11 novembre 2014

Commémorer la fin du premier conflit mondial, c’est d’abord saisir l’occasion de méditer l’absurdité, la folie de la guerre en général, car on y trouve à foison des exemples des monstrueux gâchis qu’elle occasionne, des faits qui ne devraient jamais se répéter.

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Quand on évoque le 11 novembre 1918, on omet généralement de rappeler que ce dernier jour de guerre a fait près de 11000 tués, blessés ou disparus, soit plus que le débarquement en 1944. Certains soldats ont perdu la vie lors d'actions militaires décidées par des généraux qui savaient que l'armistice avait déjà été signé. Par exemple, le général Wright de la 89e division américaine prit la décision d'attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre un bain. Ce qui engendra la perte de 300 hommes.

C’est à la lueur de tels évènements qu’il faut comprendre le grand cri de révolte, le « plus jamais ça », le soulèvement général des consciences qui exigea que ce fût là la « der des ders », le sursaut d’humanité qui proclama urbi et orbi l’idée que toute guerre est une guerre civile.

Là était le grand fait nouveau, le vrai consensus social. Non, le peuple français ne s’est pas délecté à célébrer la victoire ; ce qu’il a appelé de ses vœux, c’est l’émergence d’un monde autre, où seraient posées, pérennisées, les conditions d’une concorde universelle.

 

L’échec temporaire de ces aspirations ne change rien sur le fond, au caractère irréversible de cette prise de conscience.

Souvenons-nous que si les anciens combattants se sont battus pour que soient érigés, dans toutes les communes de France, des monuments à leurs morts, ce n’était pas pour dresser des arcs de triomphe, ni pour chanter la gloire de la nation victorieuse : ils voulaient que soit rendue justice à leurs camarades morts, ils voulaient que soit gravé dans le marbre le souvenir de leur sacrifice, pour que nous autres, citoyennes, citoyens des générations futures, nous n’oubliions jamais ce qu’il en coûte de choisir le chemin de la guerre.

Associons-nous à leurs vœux et à cet hommage : proclamons avec eux l’ardente nécessité de la paix.