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Discours d'Henri de Latour le 8 mai 2009

Nous sommes réunis aujourd'hui’hui pour la deuxième fois pour commémorer l’armistice du 8 mai 1945. On voit dans les médias ressortir pour la circonstance les images d’archives de cette guerre. Dans notre société de spectacle où tout est bon à prendre pour créer l’événement, soulever l’émotion et faire de l’audimat, les émissions qui évoquent les guerres ont des points communs : elles utilisent souvent les mêmes images, ont le même regard superficiel. Il faut aller vite. On se demande même si la guerre n’est pas un prétexte pour faire passer à la télévision quelques personnalités politiques qui appartiennent au pouvoir ou qui ont un livre à vendre. L’accent est le plus souvent mis sur les participants à ses causeries plutôt qu’à la guerre et à son cortège d’horreurs. Comment la raconter en ne donnant la parole qu’à quelques personnes ? On est forcément hors de la réalité.

 

Dans notre commémoration, ici à Lasalle nous échappons à ces travers médiatiques. Nous sommes tout à l’opposé : modestes face à ce tonitruant concert national. Les participants à cette guerre se font de plus en plus rares et notre devoir est de recueillir leurs paroles et leurs souvenirs. Vous connaissez sans doute la découverte que nous avons faite en enlevant le papier peint de la salle du conseil, cette inscription dit : « cette salle a été faite en 1943 par Rodrigo père, sous le règne de Maître Pintard, notaire et maire de Lasalle conseiller départemental. (1943) 3ème année d’occupation par les boches après la défaite de 1940. Mais cette année on les aura. Le ravitaillement est mauvais mais le moral est bon. JM Gazaix

Secrétaire : Rigaud

Adjoint : Gazaix

Commissaire : Bresson »

Nous essayons avec Alain Robert de retrouver Mr. Rodrigo l’auteur de cette inscription. Il serait vivant à Anduze, il a 104 ans. Nous lui proposerons de venir nous raconter les circonstances qui l’ont amené à écrire cette phrase. Quelle était la vie à Lasalle à l’époque ? Comment les combattants se mobilisaient ? En bref nous lui demanderons de faire un témoignage qui sera sans nul doute émouvant, instructif et qui vaut certainement bien plus que n’importe quelle émission de télévision.

 

C’est cette démarche qui nous éloigne des émotions collectives manipulées par les médias. Non, nous n’avons pas peur ! Nous n’avons pas peur de préférer l’authenticité d’un beau témoignage à la séduction facile de ce qui brille.

 

Je vous remercie pour votre présence et vous demande une minute de silence.