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Discours d'Henri de Latour le 8 mai 2011

La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01, au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims.

Le tournant de la guerre s'est produit lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942.

À partir de cette date, les armées allemandes subissent défaite sur défaite et reculent sur tous les fronts. En février 1945, Dresde est écrasée sous les bombes. La jonction des troupes soviétiques et anglo-américaines a lieu le 25 avril 1945 au milieu de l'Allemagne, sur l'Elbe.

Le 30 avril, le suicide de Hitler, terré dans son bunker de Berlin avec son dernier carré de fidèles, sonne le glas des espoirs allemands.

 

Je ne suis pas très à l'aise, vous le savez, avec le genre de la commémoration.

Elles sont parfois l'occasion de confusions, d'amalgames, voire de détournements partisans ; il faut reconnaître qu'avec le 8 mai nous sommes particulièrement gâtés ; par exemple, le 8 mai est le jour choisi pour fêter Jeanne d'Arc, et vous savez par qui et dans quel esprit ; c'est aussi l'anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, c'est aussi l'anniversaire du désastre de Dien Bien Phu.

Pour garder les idées nettes, je vous propose donc de dépasser le symbole de la date, et de nous souvenir que combattre l'oppression sous toutes ses formes est un devoir civique, qui s'impose à chacun d'entre nous.

Et puisqu'il doit être question ici de la nécessaire révolte contre la loi du plus fort, et contre les abus de pouvoirs, vous ne serez pas surpris que je vous parle, une fois de plus de la réforme territoriale.

Ce sujet mérite en effet que nous y revenions sans relâche, car il va formater notre démocratie pour les décennies à venir. Aujourd’hui, l’administration voudrait, à travers ces regroupements, enfermer des milliers de villages dans des superstructures, en arguant de l’idée simpliste que l’efficacité va de pair avec la taille.

Les gens qui dirigent la France depuis vingt ans appliquent ce schéma à tous les secteurs de la vie publique, multipliant partout les désordres et accroissant les charges de fonctionnement ; ce faisant, ils ne servent nullement la cause des élus locaux, mais les intérêts de la strate supérieure : parlementaires, sénateurs et membres des exécutifs intermédiaires.

Gardons notamment à l'esprit que le développement de l’intercommunalité depuis vingt ans ne s’est pas seulement traduit par un accroissement des dépenses et des impôts, mais aussi par un contrôle beaucoup plus étroit exercé par ces « féodaux » sur les élus de terrain. En premier lieu les maires des petites communes dépossédés de leur marge de manoeuvre au bénéfice des représentants des grandes communauté de communes, des agglomérations, et des métropoles.

 

Aujourd’hui, je formerais le souhait que ce début de mois de mai ne devienne, à l'avenir, le prétexte à un célébration encore moins légitime que beaucoup d'autres ; je veux parler de l'exécution d’un personnage douteux fort peu sympathique, qu’on ne regrettera pas, je veux parler de Ben Laden ; nul n'aurait trouvé à redire, à ce que l'intéressé soit traduit devant un tribunal pour y répondre de ses actes ; vous avez entendu dire, y compris dans la bouche du premier ministre français, que «justice avait été faite». En droit, ce qui vient de se produire s'appelle proprement une exécution. Ça fait froid dans le dos de voir qu’une poignée de personnes décident et revendiquent à la face du monde le droit d'assassiner quelqu’un sans autre forme de procès. Ça fait encore plus mal de constater que les médias du monde entier applaudissent. Qui sera le prochain « méchant » sur la liste ? Un tel cynisme est d'autant moins supportable qu'il se pare des oripeaux hypocrites d'un nouvel ordre moral !

 

Souvenons-nous, il y a 66 ans à 15 h 00, les cloches de toutes les églises de France sonnent officiellement la fin de la guerre tandis que le général de Gaulle annonce à la radio la signature de l’acte de reddition de l’Allemagne.

Mais cette victoire ne peut effacer ni les atrocités commises par l'Allemagne nazie, ni ces années durant lesquelles la population s'est trouvée confrontée à des choix qui l'ont divisée.

 

Fort de ces considérations, je me permets donc de proposer, mes chers concitoyens, que ce 8 mai soit pour nous l'occasion d'un rappel à la vigilance civique, contre tous les amalgames, toutes les manipulations, et pour la défense de l'état de droit.

Vive la République, vive la France.