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Discours d'Henri de Latour le 8 mai 2019

Commémorer ne veut pas dire “célébrer“ mais “se souvenir ensemble“, au bénéfice d’une réflexion collective, pour tirer le meilleur parti des leçons du passé.

Commémorer, en ce 8 mai, la victoire sur le fascisme et le nazisme, ce doit être l’occasion de revenir sur la montée de ces courants, sur les raisons qui ont pu amener les peuples européens à succomber à la tentation des solutions extrêmes.

Cette réflexion avait été conduite en 1944 par le conseil national de la résistance, qui a rétabli le suffrage universel, la liberté de la presse et inventé la sécurité sociale, dans l’espoir d’initier une véritable démocratie politique, économique et sociale.

L’utopie européenne se réclamait de cet idéal humaniste. Elle a été rapidement étouffée par la montée des enjeux marchands et financiers.

Pour autant, faut-il considérer la partie comme d’ores et déjà perdue ?

Faut-il rejeter en bloc le concept d’union européenne ?

Faut-il négliger l’émergence, en particulier chez les jeunes, de valeurs comme l’empathie, la solidarité et l’ouverture au monde ?

Il y a incontestablement une prise de conscience des problèmes et des solutions à leur apporter.

« Aucun homme n’est une île » disait le poète John Donne pour souligner le lien qui unit la totalité des êtres. Il terminait ce grand texte par une formule inoubliable : « ne demande pas pour qui sonne le glas. Il sonne pour toi. »

Hemingway devait en tirer le titre d’un roman consacré à la lutte des républicains espagnols et des brigades internationales, abandonnés par une France frileuse, qui les recevra mais les internera sous l’étiquette infamante de groupes « indésirables ».

Aujourd’hui, les « indésirables » sont les réfugiés climatiques et économiques, stigmatisés par les démagogues de tous poils, qui alimentent les peurs avec les théories du complot, les fantasmes d’invasion généralisée ou de grand remplacement. Il s’agit, pour les Trump, Bolsonaro, Salvini et autres Orban… d’empêcher les gens de regarder la réalité en face.

En cette période critique où nous entendons sonner le glas d’une multitude d’espèces, il faut comprendre évidemment qu’il sonne aussi pour nous.

Il faut saluer le sursaut d’une internationale des jeunes et des très jeunes, portés par l’intuition que la catastrophe écologique est aussi politique et sociale, et qu’il faut rebâtir nos sociétés sur d’autres valeurs que le confort matériel et l’appétit de consommation.

Entendons leur avertissement, accompagnons les dans leur quête de sens, agissons avec eux, pour eux, pour les générations à venir.

 

Vive la République, vive la France