Discours du 8 mai 2025
« Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? »
Aujourd’hui, je tiens devant vous pour la dernière fois ce discours du 8 mai, journée de mémoire de la Seconde Guerre mondiale. C’est avec une certaine mélancolie que je prends la parole.
Depuis 17 ans, j’ai célébré avec vous cette date emblématique, et chaque année, j’ai tenté de trouver les mots justes pour évoquer les millions de vies perdues, les familles déchirées et les cicatrices indélébiles de cette période tragique. J’ai souvent eu l’impression d’avoir tout dit, tout partagé. Mais hélas, la montée des tensions actuelles ne cesse de résonner avec les événements passés.
Récemment, l’élection aux États-Unis a été un tournant majeur qui nous rappelle à quel point la paix est un bien fragile, jamais acquis. Il suffit de porter attention aux événements internationaux, aux crispations guerrières de la géopolitique, aux fractures sociales : nous faisons face à un monde où, l'égoïsme, le rejet de l’autre, les replis identitaires, les discours de haine, rappellent les heures sombres. Les idéaux de coopération, de solidarité et de paix qui avaient présidé aux efforts de reconstruction d'après-guerre semblent vaciller. Est-il encore nécessaire de rappeler que cette victoire n’était pas celle d’un peuple sur un autre, mais bien celle de l’humanité sur la barbarie.
« Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? »
En ce 8 mai, 80 ans après la capitulation du nazisme, notre devoir de mémoire doit devenir un devoir d’action. L’héritage de celles et de ceux qui ont résisté, combattu, souffert, nous oblige. Leur courage nous a légué plus qu’une victoire : une exigence. Celle de bâtir une Europe de paix qui a fait des droits de l’Homme une boussole mais aussi qui dans une grande fragilité tente de nous rassembler autour des combats écologiques essentiels à nos vies et surtout à celles des générations futures.
Nous sommes les héritiers du Conseil National de la Résistance dont le programme demeure une source d’inspiration. Il nous rappelle que la démocratie est un combat à renouveler. Et que ce combat commence ici, dans nos villages, à travers notre quotidien.
Lorsque je contemple nos monuments aux morts, les noms gravés dans la pierre, je n’y vois pas un souvenir figé. J’y vois des promesses. Des vies offertes pour une certaine idée de la France – une France républicaine éclairée par la justice et le respect de chacun.
Être maire dans ce coin de Cévennes, c’est être au plus près des vivants, mais aussi le gardien de la mémoire de ces morts pour que jamais leur sacrifice ne devienne un simple rituel, pour que jamais leur serment de ne plus voir la barbarie dominer nos vies soit oublié, pour qu’ils continuent à nous inspirer l’avenir. Car si nous ne savons pas transmettre le sens de leur combat, alors ils seront morts deux fois. A eux je pense aujourd’hui avec force et respect. Ils ne me quitteront pas.
Pas loin de passer le flambeau de la mairie, j’ai la conviction que la République est une flamme que chacun doit entretenir :
Pour que vive la mémoire.
Pour que vive la République.
Et pour que jamais ne s’éteigne le courage de ceux qui sont morts pour la France.